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Strasbourg, plus européenne que jamais 

Samedi à Louis II, Strasbourg, sixième, dispute un choc au sommet face au dauphin monégasque. À trois points de l’ASM, les joueurs de Liam Rosénior ont l’occasion de se rapprocher d’une qualification en Champions League. Un parcours presque improbable pour un club dont l’ascension divise, paradoxalement.

Strasbourg rêve d’un automne européen. Il n’est pourtant pas ici question d’une conférence au Parlement européen. Ça, la ville en a l’habitude. Non, cet automne, Strasbourg sera peut-être plus européen que jamais. 6e à 5 journées de la fin, le Racing vise une première qualification en coupe d’Europe depuis 20 ans. En 2005-2006, les Alsaciens atteignent les huitièmes de finale de la Coupe UEFA. Puis, en 2019-2020, le Racing Club de Strasbourg est vaincu en barrages de Ligue Europa par son voisin Francfort.

Un effectif strasbourgeois effrayant

Cette saison, le réalisme a pris le pas sur l’onirisme. Plus de rêves, mais une réalité : l’effectif strasbourgeois regorge de talents. Avec une moyenne d’âge inférieure à 23 ans, Strasbourg est l’équipe la plus jeune du championnat. Le passeur Dilane Bakwa, le dynamiteur Sébastian Nanasi, le capitaine Habib Diarra, sans oublier l’athlète Emanuel Emegha. Meilleur buteur du club (13), l’avant-centre néerlandais est aussi le joueur le plus rapide de Ligue 1. L’équipe est également renforcée par l’arrivée de recrues prêtées par Chelsea l’été dernier.

Devant, la samba des Londoniens Andrey Santos et Diego Moreira dissipe le brouillard du Grand Est. Derrière, le portier Đorđe Petrović est le troisième Blues confié au Racing cette saison. Gardien d’une Meinau rarement submergée en 2025, le Serbe a presque fait oublier Matz Sels. Une mine d’or riche de pépites cosmopolites, une ambiance festive, des talents dans les deux surfaces : le vestiaire strasbourgeois impressionne. Mais une chose est sûre : cette métamorphose sportive n’aurait jamais été possible sans le rachat du club.

Le rachat qui a tout changé

En juin 2023, le RCSA est racheté dans sa totalité par le consortium d’investisseurs américains BlueCo. Parmi les actionnaires principaux : Todd Boehly, propriétaire et président de Chelsea. BlueCo n’a pas l’intention de faire de Strasbourg un simple club satellite. Un tremplin, plutôt, ou une station de décollage pour ses jeunes talents vers la galaxie londonienne.

« Cet investissement stratégique renforcerait notre présence dans le football européen, parallèlement à notre participation dans Chelsea. Nous pensons qu’il créerait d’énormes opportunités de partage des connaissances et d’expertise », affirme BlueCo au moment du rachat.

Deux ans plus tard, la reconstruction semble érigée sur des bases solides. 13es l’an passé, les hommes de Liam Rosénior pointent à une flatteuse 6e place à 5 journées du terme de l’exercice 2024-2025. L’arrivée du technicien britannique l’été dernier avait pour objectif de matérialiser les investissements réalisés par BlueCo. Après une saison en dents de scie sous les ordres de Patrick Vieira, les Mésanges ont enfin pris leur envol.

Strasbourg au sommet, mais à quel prix ?

Malgré des performances de haut vol, un football joueur et un effectif inédit, les ultras militent. Leur crainte : voir l’Alsace de nouveau ôtée des mains des Français. Et sur ce point, difficile de les contredire. Quinze minutes de silence au début de chaque match, le kop strasbourgeois fait lentement le deuil de son identité. Telle est la véritable facture à payer pour compenser le rachat du club. Mais troquer son folklore germanique pour le pragmatisme d’un consortium américain, les supporters ont encore du mal à l’accepter.

Le porte-parole de la Fédération des Supporters du RCSA regrette que le club ai vendu son âme au diable de la multipropriété. « Nous avons deux éléments de préoccupations majeures. Il y a une opposition claire et net au concept de multipropriété. Et s’est ajouté à l’été 2024, la prise de contrôle totale de la politique du Racing par les salariés de BlueCo, ou de Chelsea, pour nous c’est pareil. Strasbourg n’est plus autonome ».

L’ingérence est palpable et l’ancienne direction est peu à peu poussée vers la sortie. Renvoi de Patrick Vieira, départ de Loïc Désiré, les ultras ont le sentiment de voir leur identité dissoute. Marc Keller, illustre président du Racing, demeure à la tête de l’institution. Mais pour combien de temps ? Si Strasbourg devait devenir un « Chelsea B », comme l’est Salzbourg pour Leipzig, il serait probablement remercié à son tour.

À Strasbourg, l’Europe avant les Américains

En attendant, place au jeu. Dans cette ambiguïté politique nuageuse, le terrain reste une belle éclaircie pour les supporters alsaciens. Reste à savoir à quoi ressemblerait l’effectif strasbourgeois en cas de qualification européenne. Dans une Meinau divisée, des fans strasbourgeois unis incarneront en tout cas le douzième homme d’une équipe aux protagonistes prometteurs. 

Gravir le Rocher pour franchir un cap : voilà l’objectif des Alsaciens en fin de semaine. Une première marche à grimper pour se hisser au sommet de l’Europe. 90 minutes pour rattraper le temps perdu, 3 points pour rêver plus grand. Contre Monaco, le Racing a l’occasion de rendre Strasbourg un peu plus européen.

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