Alors que les blessures forcent les sélectionneurs à se passer de leurs cadres, de plus en plus de joueurs ont l’opportunité de s’exprimer en sélections nationales. Dès lors, un débat s’ouvre entre, d’un côté des sélections affaiblies par une rotation forcée, mais de l’autre, une potentielle plus-value en termes de spectacle avec des apparitions inédites pour des joueurs qui ont tout à gagner.
Une nouvelle conjoncture idéale pour la sélection anglaise
Cinq. C’est le nombre de joueurs lancés dans le grand bain par Lee Carsley rien que sur le mois de novembre. Ce chiffre reflète le renouvellement constant de la sélection. Elle s’appuie sur le vivier exceptionnel du football anglais.
Seulement, l’explication principale réside ailleurs… En réalité, si autant de nouvelles capes ont pu être enregistrées, c’est grâce à un embouteillage dans l’infirmerie anglaise.
En effet, pas moins de huit cadres, finalistes de l’Euro en juillet dernier, ont été contraints de passer leur tour pour cause de blessure. Cela a notamment permis aux deux latéraux magpies, Lewis Hall (20 ans) et Tino Livramento (22 ans) de glaner leurs premières capes.
Cette même semaine, c’est Morgan Rogers et Curtis Jones, auteur d’une superbe madjer contre la Grèce. Qui ont joui de la même opportunité.
Aussi brillants soient-ils en club, ces deux joueurs risquent d’être oubliés quand les titulaires reviendront. Les Cole Palmer, Phil Foden, Declan Rice ou Bukayo Saka reprendront sûrement leur place une fois rétablis.
Cette hécatombe a aussi frappé le secteur défensif des Three Lions (TAA, Levi Colwill). Ce qui a profité à Taloyr Harwood-Bellis. Le prometteur central de Southampton n’a pas perdu de temps pour ouvrir son compteur en sélection (5-0 vs Eire).
Un phénomène désormais généralisé
D’ailleurs ces absences démultipliées ne sont pas limitées au seul exemple britannique. La récente absence d’Ousmane Dembélé, l’illustre bien. Effectivement, sa gêne musculaire a permis à Kingsley Coman, écarté de l’EDF depuis juin, de revenir en Bleu. Christopher Nkunku, héritier du numéro 10, habituellement propriété du capitaine français. À lui aussi profité de la deuxième absence consécutive de Kylian Mbappé pour accumuler du temps de jeu en sélection.
Alors, que faut-il en conclure ? Pour l’instant, pas grand-chose. En revanche, ce qu’il est possible d’affirmer, c’est que ces absences semblent ponctuelles et parfois dissimulées par les clubs. Ces derniers cherchent aussi sans doute à amortir les conséquences physiques de l’accumulation des rencontres.
Toujours est-il que ce roulement relativement nouveau des sélections nationales est bénéfique pour les « seconds couteaux ». Il permet à d’autres protagonistes d’avoir l’opportunité inédite de représenter leur nation. Manu Kone, par exemple, éclot peu à peu en Bleu depuis septembre. De même, cela donne la possibilité inespérée à certains oubliés du football de faire leur grand retour. À l’image de Lucas Moura, rappelé en septembre avec la Seleção après six ans d’absence.
Sélections nationales : Moins de pépites, plus d’étincelles ?
Deux conclusions peuvent en être tirées.
D’abord, le football de sélection continue de s’enfoncer dans le déclin qui le caractérise depuis une dizaine d’années. Avec des préparations écourtées, il implique des joueurs pas systématiquement à la hauteur de l’institution qu’ils doivent représenter.
Ensuite, plus de joueurs ont l’opportunité de montrer ce qu’ils valent au plus haut niveau. Portés d’une détermination certaine, ils savent que, pour eux, rien n’est acquis, bien au contraire. Il semblerait donc que la deuxième hypothèse puisse annuler la première. Ces joueurs plus motivés joueront avec plus d’intensité. Conscient, qu’ils ne seront probablement pas rappelés lors de la prochaine trêve internationale. Tout cela apporte une plus-value pour le spectacle et des casses-têtes supplémentaires pour les coachs.
Un consensus club / sélections nationales profitable à tous
Il semblerait que l’on continue de se diriger vers une métamorphose du football de sélection. Un fait notable qui se traduit par une présence plus ponctuelle des « superstars ». D’un côté, elles laissent la possibilité à d’autres joueurs de se développer en dehors des grandes compétitions internationales. De l’autre, celles-ci jouissent d’un temps de récupération plus réparateur lors des trêves.
Ce consensus officieux entre entraîneurs et sélectionneurs pourrait à la fois aboutir à des listes plus élargies à l’avenir, comme au rugby. Mais peut aussi bénéficier aux deux parties. Permettant peut-être d’entrevoir une première solution face au nouveau défi de la surcharge des calendriers.