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L’instabilité maître mot dans le foot

Les clubs, notamment les plus grands, exigent les meilleurs résultats, et ce le plus tôt possible. Un mauvais début de saison peut amener le licenciement d’un coach ou le changement d’un staff. En 2024, le foot instable prend encore plus de place, pour des entraîneurs toujours plus mis sous pression. Ceux-ci ne peuvent bien souvent pas imposer leur philosophie de jeu. Au détriment du besoin de victoire indispensable pour les clubs.

À l’instar d’une entreprise, c’est le résultat qui prime et qui fait foi. Un entraîneur et son staff n’ont même pas le temps de défaire correctement leurs valises que la pression des résultats pèse déjà sur leurs épaules. En théorie, un entraîneur a besoin de temps pour connaître ses joueurs, qui sont avant tout des êtres humains avec leurs egos et leurs émotions à gérer. L’entraîneur doit pouvoir imprégner son équipe de sa tactique, de sa vision du foot, et créer une relation avec ces joueurs.

Les clubs de premier plan sont très exposés médiatiquement, ce qui pousse souvent les dirigeants à céder à la pression et à prendre des décisions précipitées sous le coup de l’émotion. Il suffit que des grands clubs comme le Bayern Munich ou l’Inter Milan ne gagnent pas trois matchs consécutifs pour que la presse parle de crise au sein des clubs. Il n’y a pas de demi-mesure pour les grands clubs européens, et donc encore moins pour leurs entraîneurs qui sont directement pointés du doigt à la moindre contre-performance. Mais l’instabilité ne s’arrête pas aux entraîneurs ; les effectifs eux-mêmes connaissent des bouleversements constants.

De plus en plus de vestiaires instables !

Les fenêtres de transferts voient souvent de nombreux changements, avec des joueurs qui arrivent et partent en masse. Ce qui affecte la cohésion d’équipe. En effet, l’instabilité ne se remarque pas qu’avec les va-et-vient des entraîneurs sur les bancs, mais également avec des effectifs qui changent quasiment chaque année.

L’exemple le plus flagrant et marquant est bien sûr celui de Chelsea sous Todd Boehly. L’homme d’affaires américain, à la tête des Blues depuis mai 2022, a fait chauffer la carte de crédit à de nombreuses reprises pour construire son projet à Londres. Des centaines de millions d’euros ont été investis pour recruter de nouveaux joueurs. À tel point que les vestiaires du club ont dû être agrandis. Selon les chiffres d’Ouest France, plus de 1,193 milliard d’euros ont été dépensés par Chelsea depuis 2022. Une instabilité qui nuit aux bonnes performances en championnat. Avec deux classements successifs dans le milieu de tableau de la Premier League (2022/2023 : 12ème – 2023/2024 : 6ème).

Outre le cas anglais. De nombreux clubs européens enchaînent les transactions durant les périodes de mercato. À l’image de l’Olympique de Marseille de Pablo Longoria, qui change d’entraîneur tous les ans et renouvelle au moins les deux tiers de son effectif. À l’inverse, prenons le cas du Real Madrid. L’une des plus belles périodes du club a eu lieu aux alentours de l’année 2017, une époque où les Merengues étaient privés de recrutement. Zinedine Zidane, entraîneur du Real à cette époque, a dû composer avec l’effectif à sa disposition. En bon meneur d’hommes, il a su transmettre ses idées à ses joueurs. Ce qui a permis au club madrilène de réaliser le triplé historique en Ligue des Champions à cette même période.

Le temps : seule réponse aux maux du football

Quand on laisse le temps au temps et qu’on remet les « clés du camion », de belles choses peuvent arriver. À son arrivée à Arsenal, Mikel Arteta a été très critiqué et même poussé vers la sortie par les supporters et la presse. Cependant, cinq ans après son arrivée, avec deux places de dauphin de Manchester City en Premier League. Les dirigeants des Gunners ont eu raison de lui faire confiance.

Du côté des joueurs, il y a également un exemple frappant de l’importance du temps pour surmonter l’instabilité du football : Vinicius Jr.

Le Brésilien est arrivé à sa majorité au Real Madrid avec l’étiquette de futur superstar, « le futur Neymar ». Propulsé très tôt sur le devant de la scène en raison de la méforme d’Eden Hazard, Vini ne répondait pas aux attentes du club, des supporters et même de ses coéquipiers. On se souvient tous de la fameuse phrase de Karim Benzema à Ferland Mendy. « Il joue contre nous ». À force de travail et de sacrifice. Le jeune Brésilien est désormais l’un des meilleurs joueurs du monde. Il a su faire preuve de patience, ne pas se démotiver. Il s’est surpassé grâce au temps que le Real lui a accordé pour atteindre aujourd’hui ce niveau d’excellence.

Le football n’est pas une science exacte où l’argent seul suffit à garantir des résultats immédiats. Il nécessite un équilibre subtil entre investissement et patience, entre pression et stabilité. Il suffit de voir combien de temps il a fallu à Guardiola pour remporter la LDC avec Manchester City. Les plus grands projets se construisent sur le long terme. Les exemples de réussite montrent que la continuité, lorsqu’elle est bien gérée, reste le meilleur moyen d’atteindre l’excellence. C’est peut-être là l’un des grands paradoxes du football moderne. Dans un monde qui s’accélère, la stabilité demeure une valeur précieuse, mais de plus en plus rare.

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